Partis dimanche dernier de Ouistreham sur la CIC Normandy Channel Race face à 30 concurrents, dont 20 scow (bateaux nouvelle génération), Jules Bonnier et Robin Follin s’apprêtaient à affronter les 1000 milles du parcours entre l’île de Wight, Lands’End, Tuskar Rock et le Fastnet. Il aura fallu 4 jours, 21 heures, 10 minutes et 15 secondes pour que le tandem Nestenn – Entrepreneurs pour la planète franchisse la ligne en 11e position, mettant ainsi 10 scow – dont 4 abandons – derrière lui. Pari réussi pour le Class40 153, qui aura une fois de plus prouvé sur ce début de saison toute sa fiabilité et son endurance face à un plateau de solides concurrents.
Jules nous livre son analyse de leur parcours :
Départ
« On est partis dans des conditions engagées, une allure débridée qui ne nous avantageait pas forcément mais c’était sympa de voir tout le monde partir au travers comme on l’a fait là, normalement, les départs se font au près. On a filé vers Saint-Marcouf dans de bonnes vitesses et, même si on s’est fait décrocher, on a réussi à récupérer notre retard sur les premiers.”
Transmanche
“Pour aller à l’île de Wight, on allait moins vite mais on était étonnés de tenir la vitesse au reaching. On a passé le Solent sans encombre malgré les bouées, je connais un peu cet endroit. On est arrivés après la renverse, on ne pouvait pas recoller mais on a quand même réussi à réduire les écarts.”
Premier bord de portant
“Sortis du Solent, le vent est rentré au portant et, entre la nuit et le lendemain, on a déroulé et nos vitesses étaient bonnes. On naviguait bien en faisant les bons bords. Les deux cumulés nous ont fait remonter de plus de 5 places au classement. On était au contact des concurrents du paquet de tête, c’est super positif.”
Ascension vers l’Irlande
“Après Lands’End, on s’est retrouvés tous bloqués jusqu’à la fin de journée. J’aime la pétole mais celle-ci ne m’a pas plu, il n’y avait pas grand-chose à jouer.
Quand le vent est rentré au milieu de la nuit, on est repartis sur un bord de reaching, tous en même temps. On finit dernier du paquet à Tuskar Rock, on savait qu’au reaching, on avait peu de chance de maintenir notre position, donc le moral était bon.”
Descente vers le Fastnet
“Après Tuskar, on a envoyé un spi pour longer les côtes irlandaises au portant VMG, ça marchait bien. Une partie de la flotte a pris une option qui n’était pas la bonne au large. On est arrivés au Fastnet en mode « petit train » et tout s’enchaînait bien pour nous, nos manœuvres étaient super propres.”
De retour en Manche
“Retour aux Scilly où on négocie mal le passage du DST. On a mis le gennaker pour l’affaler 5 minutes après. À Guernesey, on a perdu notre aérien qui nous indiquait le sens du vent, on connaissait toujours sa vitesse, mais pas sa direction. On appréhendait le passage du Raz Blanchard qui s’est finalement déroulé sans problème, le vent n’était pas aussi fort qu’attendu. On savait que la course était faite à ce moment-là, on avait décidé de mettre tout en œuvre pour finir le parcours. On était dans une situation où ceux de devant était un peu devant, ceux de derrière aussi, on était capables de maintenir notre classement sur la ligne d’arrivée.”
Troisième épreuve du binôme Bonnier – Follin cette saison, le tandem, qui participait pour la première fois à une course en double ensemble, a renforcé sa complémentarité et sa force sur cette Normandy Channel Race. Au départ, 20 scow sur les 30 concurrents s’alignaient à Ouistreham. Jules annonçait le week-end dernier vouloir en mettre le maximum derrière et, si le Class40 153 ne pouvait pas faire la différence, notamment sur les bords de près et de reaching, les deux marins allaient tout mettre en oeuvre pour naviguer au contacts des favoris.
Jules Bonnier :
“On retient plein de positif sur cette régate. Avec Robin, on a fait de très belles manœuvres, je navigue beaucoup mieux d’un point de vue stratégique et météo, je vois mieux les choses par rapport à avant. J’ai appris beaucoup de ma saison dernière. Aujourd’hui, j’essaye de faire différemment des autres pour me démarquer. Entre l’île de Wight et lands’End, on revient notamment parce qu’on ne fait pas les mêmes bords que les autres, et ça marche !
Sur le papier, 20 bateaux étaient censés être plus rapides. On a bien navigué, la vitesse du bateau ne fait pas tout. On a tout mis en œuvre pour que notre navigation soit belle et que l’on se fasse devancer le moins possible. En regardant notre trajectoire, je la trouve propre. Ça paye dans ces situations-là, et le parcours faisaient en sorte qu’on puisse revenir devant avec les bords de portant. Nous sommes le premier bout pointu à franchir la ligne, la fierté est au rendez-vous, surtout quand on voit le plateau de cette 14e édition de la CIC Normandy channel Race.
Avec Robin, c’était notre 3e course ensemble. Il commence à très bien connaitre le bateau et l’ambiance est top à bord. C’était la première fois qu’on ne naviguait qu’en double ensemble, et c’est de bon augure pour la Transat Jacques Vabre ! D’autant qu’on a très bien navigué au portant VMG cette semaine, et que sur la route du café, c’est 80% de portant VMG.“
Robin Follin :
“Cette CIC Normandy Channel Race s’est super bien passée, c’est de plus en plus fluide avec Jules, on pense souvent à la même chose en même temps.
Je me sens plus à l’aise sur le bateau, je me pose de moins en moins de questions et je pense que c’est rassurant pour Jules, notamment dans des conditions de faux solo comme ici. Quand jules m’a proposé au début de la saison de naviguer avec lui, j’étais content de partir sur le 153, c’est un bateau qui a déjà fait de belles performances. C’était un beau challenge de vouloir naviguer au contact des scow cette semaine, mais j’étais confiant car on marche bien depuis le début de la saison : on finit 5e de la Caribbean600, 2e d’étape sur le Défi Atlantique, et 11e maintenant. C’est vraiment top !“